Comment accompagner une situation explicite de violence et/ou de harcèlement machiste ?

 

Comme nous l’avons expliqué lors des formations initiales, à chaque fois que vous détectez une situation de violence, il est indispensable que vous en parliez à la personne référente de l’AFEV. Nous sommes des personnes formées qui savons comment agir dans toute situation et quels mécanismes activer ou non.

Cependant, si tu te trouves dans une situation de ce genre avec l’enfant ou l’adolescent·e que tu accompagnes, nous pouvons te donner quelques conseils mais aussi des explications qui te serviront pour te guider dans une situation aussi complexe, qu’en aucun cas tu dois affronter tout·e seul·e.

 

Quel·le·s adolescent·e·s peuvent souffrir de violence machiste

Des adolescentes qui vivent des relations affectives et/ou sexuelles abusives, qu’elles soient occasionnelles ou au sein du couple, ou d’autres manifestations de violences machistes exercées par des personnes tierces qui ne sont ni le père ni l’actuel partenaire de la mère, par exemple des camarades de classe ou du quartier.

Des adolescentes qui NE se comportent PAS selon le patron normatif de la féminité (ces idées, croyances, récits et discours qui, historiquement, ont construit des modèles « adéquats, corrects et uniques » d’être un homme (patron normatif de la masculinité) et d’être une femme, attribuant à chacun des caractéristiques, espaces et rôles très différents dans une échelle de hiérarchie qui place la masculinité/les hommes au sommet et qui relègue la féminité/les femmes en position subalterne, lesquelles, pour ce motif, sont la cible de violence. Par exemple :

  • des filles dont l’orientation sexuelle n’est pas l’hétérosexualité (par exemple lesbiennes, bisexuelles) ;
  • des filles qui, bien que s’identifiant à leur genre assigné, montrent des goûts, un style, une gestuelle et/ou des comportements considérés comme masculins (par exemple en jouant au football, en ayant des caractéristiques plus “agressives”, etc) ;
  • des filles qui vivent leur féminité d’une manière non normative (en ayant des relations sexuelles régulières sans être en couple, en s’habillant avec des vêtements près du corps qui peuvent être perçus comme excessivement “provocants”…)

Des adolescents qui NE se comportent PAS selon le patron normatif de la masculinité et, pour ce motif, sont la cible de violence :

  • des garçons avec des orientations sexuelles différentes de l’hétérosexualité (gays, bisexuels…) ;
  • des garçons, bien que s’identifiant à leur genre assigné, qui montrent des goûts, un style, une gestuelle et/ou des comportements considérés comme féminins (par exemple, s’ils veulent jouer à la poupée ou collectionnent des images de princesses)

Des personnes qui vivent dans un corps aux caractéristiques sexuelles ambiguës. Par exemple:

  • un garçon avec une gynécomastie (développement excessif des glandes mammaires chez l’homme)
  • une fille avec de la pilosité faciale (due à des niveaux élevés de testostérone) o sur le reste du corps par choix personnel de ne pas s’épiler
  • des personnes queers (des personnes qui ne s’identifient pas avec les modèles de genre binaire homme-femme)

Des personnes qui s’identifient au genre inverse à celui assigné et qui le rendent visible que ce soit à travers du langage (en se désignant elles-mêmes avec le genre auquel elles s’identifient) et/ou à travers leur apparence externe (vêtements, coupes de cheveux assignés au genre inverse).

 

Que faire si un·e enfant/adolescent·e nous explique qu’il/elle subit des violences et/ou du harcèlement ?

Écoutez attentivement, en acceptant sans réserve, jugement ni questionnement son récit. C’est important qu’il ou elle sente que vous reconnaissez la validité de son expérience et que vous ne doutez pas de ce qu’il/elle vit.

N’esquivez pas le sujet. Alimentez la conversation et remerciez la confiance qu’il ou elle a en vous.

Évitez de montrer une expression de surprise ou d’étonnement, tout comme de donner l’impression d’être pressé·e: respectez le rythme de son récit, les silences et les hésitations. Laissez-le s’exprimer avec ses propres mots.

N’exprimez pas votre opinion et n’émettez pas de jugements de valeur. Respectez son point de vue et ses réactions à la situation. Respectez comment il/elle se sent. Tout cela peut être une opportunité pour vous d’apprendre de nouvelles choses ensemble et de travailler les stéréotypes, par exemple.

Apportez un soutien immédiat, de la compréhension et de la bienveillance. Tâchez de favoriser le calme, de le ou la rassurer. Faites-lui sentir que vous le/la comprenez et qu’il/elle peut compter sur vous, et que l’espace de mentorat est un espace sûr pour lui ou elle.

Partagez votre perception de ses émotions avec lui ou elle. Exprimez comment vous observez son mal-être, reconnaissez la difficulté de la situation dans laquelle il/elle se trouve. Par exemple : « Je sens que tu es triste… », «Tu dois être très angoissée par cette situation… », « Je comprends que tu aies peur… », etc.

Soyez transparent·e : comme il s’agit d’une situation de danger, vous avez l’obligation d’en parler et cette information doit être très claire pour le ou la jeune. C’est important que vous ne lui promettiez pas de garder cette information secrète, car vous ne pourrez pas respectez cette promesse. La limite de la confiance a pour limite la protection de l’enfant ou du jeune.

En aucun cas vous ne devez assurer la médiation entre l’agresseur et la personne agressée. Ce travail est compliqué, délicat, et il est indispensable qu’une personne formée s’en charge en prenant toutes les précautions possibles. Vous pouvez toujours en parler avec la personne référente de l’AFEV ou avec l’éducateur référent, et ils sauront comment affronter cette situation.

Principaux facteurs de risque chez la personne que nous accompagnons :

  • Avoir intériorisé l’idéologie hétéronormative et les modèles traditionnels normatifs de la masculinité et de la féminité (patrons ou modèles souhaitables socialement acceptés de ce que doit être un homme ou une femme).
  • Avoir intériorisé les mythes de l’amour romantique (tu peux en savoir plus ici).
  • Avoir intériorisé des schémas autoritaires et/ou violents de résolution de conflits dans les relations interpersonnelles.
  • Avoir une basse estime de soi-même, des carences affectives importantes et un sentiment de solitude.
  • Un manque d’accès à des espaces sûrs (“safe places”), de soutien mutuel, d’information et d’empouvoirement avec d’autres personnes qui sont passés par des expériences similaires.

 

Nos recommandations pour travailler pendant le mentorat sur le sujet des violences

Fuir les dynamiques compétitives de “gagner à tout prix”. Montrer d’autres manières de participer et donner de la valeur au processus en soi (nouveaux apprentissages, nouvelles personnes que nous avons rencontrées, distraction…) et pas spécifiquement au résultat. Travailler la solidarité, la coopération, la créativité, la compréhension, le soutien mutuel et la diversité.

Éviter les stéréotypes de genre. Par exemple, “les filles aiment jouer aux poupées et les garçons au foot”.

Parler de la diversité des options de genre, pour aller plus loin du binarisme homme/femme : “Certaines femmes ont un pénis et certains hommes une vulve”.

Parler aux adolescentes du harcèlement, des limites, du consentement, et aux adolescents de l’acceptation des limites (par exemple, accepter un NON comme réponse même s’il y a eu jeu de séduction avant), le respect, le contrôle des impulsions et la gestion des émotions.

Déconstruire les blagues et les plaisanteries sur les orientations sexuelles car ce sont aussi des violences.

Tous les corps, dans toute leur diversité, sont valides et bienvenus.

Laisser de côté les jugements et les préjugés. En parler avec l’enfant ou le jeune. Parler de l’importance de pouvoir défendre ce que l’on pense sans discréditer l’autre.

Avec les enfants, on peut travailler sur le manspreading, ou mener une réflexion ensemble sur l’espace que nous occupons chacun et chacune et ce que cela signifie pour les autres.

 

Ressources pédagogiques et thématiques

Blogs (en catalan ou castillan)

Sites internet (en catalan ou castillan)

  • Ni bella, ni bèstia. Espace sur lequel aussi bien les jeunes comme les parents, l’équipe éducative, etc, peuvent expliquer leurs doutes sur les relations de couple, affectives et sexuelles et où une écoute et une aide sont proposées pour les résoudre.
  • « Por los Buenos Tratos« . Site destiné aux jeunes pour améliorer les relations interpersonnelles et prévenir les violences, notamment au sein de couples.
  • «Mi novio me controla». Site avec de nombreuses ressources pour prévenir les violences machistes.

Films et vidéos

  • Trois mètres au-dessus du ciel, Espagne, 2010.
  • La Belle et la Bête, États-Unis, 2017.
  • Twilight, États-Unis, 2008 – 2012.
  • J’ai envie de toi, Espagne, 2012.
  • Querernos bien, Espagne, court-métrage sur la violence machiste entre adolescents.
  • «¡VAYA NOCHE!». Court-métrage de SEXus pour prévenir les violences machistes et LGBTphobes entre les jeunes et sensibiliser à la diversité sexuelle, affective et de genre. 

Littérature (en catalan et en castillan)

  • El futuro es femenino: cuentos para que juntes cambiemos el mundo, Sara Cano, Nube de Tinta. Recull de 8 contes il·lustrats per diverses il·lustradores. Els contes reflecteixen situacions de la vida quotidiana, mostrant protagonistes que s’apoderen davant de situacions masclistes injustes.
  • La Ventafocs ja no creu en prínceps blaus. Nunila López i Myriam Cameros, Ed. 96. Versió moderna, realista i humorística sobre les relacions de parella basades en el mite de l’amor romàntic.
  • Què tinc ací baix?, Rosa Sanchís i Enric Senabre, Nórdica. Llibre fantàstic per l’educació afectiva i sexual dels i les adolescents: resol dubtes, genera debat i desperta l’esperit crític respecte a qüestions amoroses, sexuals i de gènere.
  • Diari vermell de la Carlota, Gemma Lienas, Empúries, 2004. Descobrim les reflexions de la Carlota al voltant de temes com la passió, l’amor, els sentiments, el sexe, el plaer i les relacions. Novel·la sense tabús que ofereix opcions de conversa i debat.
  • Diari vermell del Flanagan, Andreu Martin i Jaume Ribera, Estrella Polar. Versió del Diari Vermell de la Carlota a través del Flanagan, xicot de la Carlota. Reflexions sobre experiències i dubtes afectius i sexuals. S’hi tracten temes ben diversos.
  • Diari blau de la Carlota, Gemma Lienas, Empúries, 2004. La Carlota parla de violència de gènere i violència escolar a partir de testimonis que va recollint. Bona lectura per generar debat.

Autres ressources

Fiches pédagogiques liées:

D’autres fiches pour organiser différentes activités ou avec des idées pour réaliser ton accompagnement : visite l’acompanyateca.

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